Sommaire
- Qu’est-ce que l’aquamation ?
- Comment se déroule une aquamation ?
- Les avantages de l’aquamation
- Inconvénients et limites
- Prix de l’aquamation
- L’aquamation dans le monde
- L’aquamation en France et en Europe
- Pratiques industrielles actuelles
- Une révolution culturelle ?
- Conclusion
Face aux enjeux environnementaux croissants, de nouvelles pratiques funéraires émergent. L’aquamation, aussi appelée résomation ou hydrolyse alcaline, est présentée comme une alternative plus respectueuse de l’environnement que la crémation traditionnelle. Encore méconnue du grand public, elle suscite un intérêt croissant en Europe, notamment en France.
1. Qu’est-ce que l’aquamation ?
L’aquamation est un procédé de disposition corporelle post-mortem qui utilise l’eau, la chaleur et un produit alcalin (généralement l’hydroxyde de potassium ou de sodium) pour décomposer le corps humain. Contrairement à la crémation par le feu, elle repose sur un processus chimique d’hydrolyse alcaline.
Ce traitement mélange 95 % d’eau et 5 % de solution alcaline, chauffé à environ 150 °C sous pression pendant plusieurs heures. Cette réaction transforme les tissus en un liquide stérile et incolore, laissant uniquement les os, qui sont ensuite broyés pour obtenir une poudre semblable à celle résultant d’une crémation.
2. Comment se déroule une aquamation ?
Voici les grandes étapes d’une aquamation :
- Préparation du corps : déshabillé et placé dans une capsule métallique ou une unité pressurisée.
- Hydrolyse alcaline : l’eau chaude et le produit alcalin sont introduits, puis le procédé est enclenché pendant 3 à 6 heures.
- Rinçage et séchage : les restes solides (os) sont rincés, séchés puis réduits en poudre.
- Restitution : les cendres sont remises à la famille, comme pour une crémation.
- Traitement du liquide : la solution stérile restante est évacuée dans le système d’eaux usées ou réutilisée comme fertilisant, selon les réglementations locales.
3. Les avantages de l’aquamation
a. Une option plus écologique
- Moins d’émissions de gaz à effet de serre
- Pas de métaux lourds ni vapeurs toxiques rejetés dans l’air
- Consommation d’énergie réduite (jusqu’à 90 % de moins qu’une crémation)
b. Respect du corps
Le procédé est perçu comme plus doux et naturel par certains proches.
c. Plus de cendres pour la famille
Le volume de « cendres » obtenu est souvent plus important qu’à l’issue d’une crémation traditionnelle.
d. Acceptation croissante par les professionnels
De plus en plus de maisons funéraires et de structures hospitalières s’y intéressent comme solution durable.
4. Inconvénients et limites
- Procédé encore mal connu du grand public
- Réglementations floues voire absentes dans de nombreux pays
- Nécessite un équipement coûteux et spécialisé
- Débats sur le rejet du liquide, même stérile, dans les égouts
5. Prix de l’aquamation
Le coût d’une aquamation dépend du pays, de la structure, et de la logistique associée. En moyenne :
- En Amérique du Nord : entre 1 500 et 3 500 dollars US
- En Australie : de 2 000 à 4 000 dollars australiens
- En Europe (là où elle est autorisée) : de 1 800 à 3 000 euros
Ces prix sont souvent similaires ou légèrement inférieurs à ceux de la crémation.
6. L’aquamation dans le monde
a. Amérique du Nord
- L’aquamation est autorisée dans plus de 20 États américains.
- Des entreprises comme Resomation Ltd ou Bio-Response Solutions fabriquent les équipements.
- Utilisée pour les humains et les animaux domestiques.
b. Canada
- Pratique autorisée au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.
- Certaines compagnies funéraires la proposent comme alternative à la crémation.
c. Australie et Nouvelle-Zélande
- La Nouvelle-Galles du Sud autorise l’aquamation.
- Forte croissance dans les secteurs vétérinaires et funéraires.
7. L’aquamation en France et en Europe
a. Situation en France
En 2024, l’aquamation n’est pas encore autorisée pour les défunts humains. Elle est cependant pratiquée pour les animaux domestiques.
Un débat public est en cours, porté par des élus, des écologistes et des entrepreneurs du funéraire. Le droit français ne reconnaît aujourd’hui que deux modes de traitement des corps : l’inhumation et la crémation. L’aquamation serait une troisième voie.
b. En Belgique, Suisse, Allemagne
- Belgique : l’aquamation est en phase de test, notamment à l’initiative de certaines sociétés funéraires flamandes.
- Suisse : discussions en cours dans les cantons, intérêt des communes mais frein juridique.
- Allemagne : encore interdite mais la question est soulevée dans certains Länder.
8. Pratiques industrielles actuelles
Si l’aquamation est encore marginale pour les humains en Europe, elle est déjà utilisée dans :
- Le secteur vétérinaire : nombreuses cliniques proposent l’aquamation des animaux domestiques.
- La recherche scientifique : les laboratoires utilisent ce procédé pour la dissolution de tissus biologiques.
- Les armées : certains pays ont testé l’aquamation pour le traitement des corps de militaires (procédé plus respectueux et hygiénique).
9. Une révolution culturelle ?
Changer de rapport à la mort est aussi une affaire de mœurs. L’aquamation invite à repenser la façon dont nous honorons les défunts et traitons les corps :
- Acceptation croissante de la crémation dans des sociétés autrefois très attachées à l’inhumation
- Prise de conscience environnementale, même dans le domaine funéraire
- Désirs de « mort douce » ou de fin de vie écologique chez certaines personnes
Des collectifs citoyens et des entreprises funéraires militent pour inscrire l’aquamation comme une option légitime, au même titre que la crémation.
10. Perspectives d’avenir et innovations attendues
L’aquamation est encore au stade d’innovation en France, mais le marché mondial montre un potentiel considérable. De nouveaux modèles de machines, plus compacts et moins énergivores, sont en développement. Les législations évoluent également, avec des discussions engagées dans plusieurs pays européens pour adapter les textes réglementaires aux nouvelles pratiques funéraires.
Les grands groupes funéraires, conscients des enjeux écologiques et des attentes sociétales, investissent dans la recherche et les partenariats avec les fabricants d’équipements. Certaines start-ups émergent également dans le domaine des funérailles durables, proposant des services personnalisés autour de l’aquamation, avec accompagnement spirituel et valorisation symbolique des « cendres liquides ».
Enfin, l’éducation du public joue un rôle central. Des campagnes de sensibilisation pourraient contribuer à démystifier la pratique et à la rendre plus acceptable culturellement. Les écoles de thanatopraxie et les instituts de formation au funéraire commencent à introduire l’aquamation dans leurs programmes.
Conclusion
L’aquamation est bien plus qu’une nouveauté technologique : c’est une réponse moderne à des enjeux écologiques, éthiques et sociaux. Bien qu’encore peu répandue en France, elle suscite un intérêt croissant et pourrait, à terme, redéfinir les pratiques funéraires. Face à une demande citoyenne de plus en plus forte pour des obsèques durables, l’aquamation a toutes les chances de devenir une norme dans les années à venir.